Dis, c’est quoi la gravure à l’eau forte ?
Je grave sur des plaques de zinc.
Dans l’impression à l’eau forte, le dessin est gravé par la morsure à l’acide nitrique des parties dénudées de la plaque, et non par l’intermédiaire d’un outil tranchant, comme dans les autres techniques de taille douce. Il est donc nécessaire de couvrir d’une mince couche de vernis résistant les surfaces de la plaque à protéger.
Voici comment je procède, de la découpe de la plaque au tirage final.
Préparer la plaque de zinc
Il me faut un cuter de zingueur pour couper la plaque de zinc dont j’ai besoin, une lime pour limer en biseau les bords de la plaque, des papiers abrasifs (500 et 800) pour polir la surface au maximum. Ensuite il faut passer du vernis protecteur sur le dos de la plaque.
Créer le dessin
Sur le côté à travailler, je peux dessiner avec un pinceau trempé dans le vernis, ou bien vernir l’ensemble de la plaque et dessiner, gratter, rayer… dans le vernis avec une pointe.
Hop, au bain !
Je prépare une cuve avec 1 volume d’acide nitrique dilué dans 6 volumes d’eau, ou moins si je veux un bain plus fort. Je fais tremper ma plaque protégée, dessinée, 10 ou 15 minutes pour une morsure légère, jusqu’à 1 heure ou plus si je veux une morsure profonde.
Après le bain, quelques soins
Je retire la plaque du bain d’acide, je la rince abondamment pour arrêter la morsure, je retire le vernis avec du white-spirit, je dégraisse avec de l’alcool à brûler, et je peux commencer le tirage de la plaque pour voir ce que les morsures donnent.
Encrage
Je mouille à grande eau une feuille de papier pur coton 206g que je maintiens humide entre des feuilles de journaux, avec un poids pressant dessus.
Je pose la plaque de zinc sur une plaque chauffante tiède, j’y dépose l’encre de gravure que je fais pénétrer dans tous les creux de la plaque, avec mes doigts (je peux porter des gants fins).
J’essuie l’encre avec un papier doux non pelucheux (le meilleur étant les pages d’annuaire téléphonique), jusqu’à ce que ma feuille glisse sur la plaque.
Tirage
Je place la plaque sur le chariot de ma presse, je la recouvre avec délicatesse avec la feuille de papier humide pour éviter les bavures, je recouvre le tout d’un drap de feutre et j’actionne la grande roue qui fait circuler le plateau entre deux rouleaux et presse ainsi à 300kg/cm2.
Je soulève le feutre, je soulève la feuille qui se décolle de la plaque, en douceur ! Et « la découverte a lieu », à chaque fois différente ! Je regarde ce qu’il y a à modifier, et je recommence toutes les opérations avec le vernis, après avoir décidé de ce que je vais conserver en l’état, de ce que je continue à graver…
Ainsi de suite jusqu’à ce que j’obtienne le tirage désiré.
Je peux aussi graver à la pointe sèche, à l’aquatinte, au sucre, dans le vernis mou…